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Hymn
28 mars 2016

Au mauvais endroit au mauvais moment

Mais dans quel monde on vit, putain? Tu sais je pense aux victimes, aux morts bien sûr, mais surtout aux blessés, aux "dommages collatéraux". Je pense à ceux qui en sortiront handicapés, défigurés, estropiés, aveugles, sourds, incapables de marcher, qu'en sais-je. Je pense à tout ceux qui étaient là, ceux qui devaient prendre l'avion, le métro, ceux qui devaient dire au revoir, à bientôt, à ceux qui ont dit adieu. Je pense aux familles qui pleurent un fils, un frère, une mère, une femme, des amis, et qu'on supplie de ne pas haïr. Il est certes inutile d'haïr. Mais cependant cela reste humain. On le savait bien sûr, ça nous pendait au nez, on en murmurait des bribes aux terrasses des cafés, qu'un jour ou l'autre on serait les prochains. Mais s'attaquer à la Belgique, mon cher, c'est une grossière erreur. C'était peut-être l'événement dramatique qu'il nous manquait pour enfin réunir le nord et le sud, mais à présent c'est certain, les Belges marchent ensemble, définitivement marqués. Qu'ils reviennent et on leur jettera des bières à la gueule, on leur chantera nos hymnes paillards dans les oreilles jusqu'à ce qu'ils en soient sourds, et bien sûr nous leur rirons au visage, car c'est notre plus gros avantage. Le rire, c'est notre espoir. Ce 22 mars, ma mère m'a téléphoné, m'a suppliée de rentrer dans le sud au plus vite, même si j'étais à Louvain, même pas à Bruxelles. Mon père a suivi. Je leur ai répondu que je n'allais pas bouger de là où j'étais. J'allais continuer à suivre mes cours, j'allais aller faire ma journée de shopping, je n'allais pas rester enfermée. Et même si j'avais envie de hurler aux quatre vents, de cracher sur les cadavres de ces connards, de pleurer pendant des jours entiers, je n'en ai rien fait. J'ai rendu hommage, je suis restée silencieuse quelques heures, j'ai beaucoup pensé aux familles, mais je suis sortie aussi. Et le pire dans tout ça, c'est que Bruxelles n'est pas un cas isolé. La Turquie, l'Irak, et tant d'autres, pleurent leurs morts autant que nous. Ce n'est pas la Belgique qui part en couille, c'est le monde entier. Et nous sommes incapables de l'arrêter, parce que personne n'arrive à se comprendre. Et ce soir, amour, j'ai peur pour nous. J'ai envie de hurler. J'ai envie de cracher au visage de l'injustice. Mais au milieu de tout ça, on reste debout, on reste ensemble, on n'a pas peur. On n'aura jamais peur. Dans ce pays, très cher, les mitraillettes, on les mange.

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  • Je vis avec fracas, je vis en hurlant, je vis dans un ouragan, je vis en brûlant vive. Je me consume, je vis sans fin, j'implose, je ressens tout à l'extrême, sans repos. C'est dur à vivre. C'est même dur à mourir. Laissez-moi vous raconter.
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